Un choix de couple
L’AAD, une histoire à 2 …
Si dans un premier temps, la proposition d’un accouchement à domicile est fréquemment l’initiative de l’un des deux partenaires, souvent la femme, il est fondamental que cela devienne le projet du couple.
Il s’agit d’un cheminement à deux, incluant réflexions et préparation :
- Pourquoi voulons-nous accoucher à la maison ?
- Avons-nous des craintes, des peurs ?
- Comment nous préparer à cette aventure ?
- Qu’est-ce que nous voulons, ne voulons pas ?
- Le père veut-il être présent lors de l’accouchement ?
- Si oui, quelle place va-t-il occuper ?
- Où trouver une sage-femme qui pratique l’AAD ?
- Faisons-nous un suivi de grossesse en parallèle dans une clinique ?
- Et que faisons-nous des aînés ?
- Comment en parler à notre entourage ?
Autant de questions sur lesquelles il est important d’échanger, afin que les peurs et les besoins de l’un et l’autre soient révélés et entendus. Ainsi, le couple pourra tisser un projet de naissance réellement partagé.
De nombreuses mères racontent avoir préféré accoucher en structure plutôt que mettre en difficulté leur compagnon qui ne sentait pas d’assumer la responsabilité d’une naissance à la maison; cela fut pour elles l’occasion de choisir, à deux, une structure se rapprochant le plus de leurs besoins. D’autres racontent comment leur partenaire qui avait, lors de la première naissance, refusé l’idée d’un AAD, avait changé d’avis pour le second en s’engageant pleinement dans l’aventure à la maison. D’autres, enfin, expliquent combien ce projet d’AAD répondait à de tels besoins pour elles, qu’elles organisèrent, d’un commun accord avec leur partenaire, un accouchement à domicile, mais sans la présence du père, se rapprochant d’une sage-femme et s’épaulant d’une doula.
Il n’y a pas de « bonne » manière de faire un accouchement (AAD, structure, avec/sans le père de l’enfant, avec/sans doula…) mais il y a des expériences et des projets de naissance à penser à deux.
Le maître mot dans cette aventure est la communication !
Que la future mère et le futur père osent exprimer leurs besoins et leurs doutes !
Quand les hommes accouchent aussi …
Ce n’est pas facile pour certains hommes d’envisager un accouchement à domicile : craintes de devoir assumer plus de responsabilités, doutes et peur de ne pas être à la hauteur…
Nous avons tenu à mettre en avant des témoignages d’hommes qui ont vécu un AAD afin d’encourager des (futurs) pères à oser à s’ouvrir, franchir le cap, à oser imaginer qu’une naissance est possible à la maison, et trouver une place prépondérante auprès de leur compagne.
- Ainsi, David explique que les choses se sont faites progressivement. Ils ont, pour leur premier enfant, accouché en salle de naissance, puis, forts de cette première expérience, ils on envisagé pour le second enfant un AAD. Il se sentait alors les épaules pour. Il raconte comment il a transformé leur salon en salle de naissance, comment il était vigilant lors du travail de sa compagne puis a appelé la sage-femme et comment il a accueilli lors bébé.
Écoutez :
Extraits tirés d’un entretien mené par Amandine Delord dans le cadre d’une enquête menée sur l’AAD, le 15-05-2017 au Pellerin.
- Quant à Florent, il fut l’initiateur des deux accouchements à la maison de sa compagne. Émotions garanties !
- Plus d’une femme nous ont exprimé que sans leur compagnon, elles n’auraient pu réussir cette aventure. Viola est particulièrement explicite sur le sujet. Écoutons-la:
« Pour mon amoureux, c’était étrange que je veuille accoucher à la maison. On a fait un lourd parcours ensemble, ce fut un long processus…
Après il a dit : « je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas ça plus souvent ? » (rires).
Alors qu’au début il disait « mais les voisins, ils vont entendre ?! »…. Que les voisins entendent ou pas, moi je m’en fichais ! Ce n’était pas la chose qui allait me freiner dans un tel moment. Mais c’est vrai qu’il ne comprenait pas au début pourquoi je voulais accoucher à la maison, en plus il connaissait une sage-femme à la clinique B avec laquelle les rencontres de suivi se passaient bien.
C’est quand je lui ai expliqué comment cela se passait au Pays –bas, que je voulais que cela soit intime et naturel ; alors progressivement il m’a entendue puis a déclaré « oui pourquoi pas, peut-être que cela serait mieux à domicile ». C’est lentement qu’on est venu à ce point-là.
Rencontrer la sage-femme l’a beaucoup aidé aussi. C’était important qu’il ait un bon contact avec elle. Il avait conscience que, comme cela se ferait à domicile, il aurait un rôle plus important, donc il fallait qu’il s’entende bien avec la sage-femme.
Mais il n’a pas eu peur du tout, il est kiné et dans ses études il avait fait des stages où il avait assisté à des accouchements. Il gère bien les situations fortes, il est très calme.
Sa place était importante. Si j’avais senti que ce n’était pas ok pour lui ou qu’il ne pouvait pas me soutenir autant que j’en aurais eu besoin, j’aurais demandé l’aide d’une doula !
Durant l’accouchement, mon amoureux m’a fait des massages. J’avais vraiment besoin de ça, il était tout le temps avec moi, il n’est pas parti une seule seconde je crois, il m’a parlé quand j’avais besoin d’encouragement, je ne sais même plus ce qu’il me disait, il m’encourageait, il était vraiment à mon service. Il sentait ce dont j’avais besoin, il m’amenait des fruits, des petites pilules homéopathiques, il était parfait, je n’aurais pas pu le faire sans lui.
S’il n’avait pas été là, je ne sais pas si j’aurais réussi, car je n’avais pas de doula. En fait, il a lui-même prit cette place. Il représentait une présence aimante et il était à mon service tout au long. C’était vraiment super.
Je n’ai pas eu de gêne avec lui, qu’il me voit dans des positions étranges, dans un état bizarre. J’étais vraiment libre de m’exprimer comme je voulais. C’était justement l’une des raisons qui m’avait poussée à vouloir accoucher à la maison : me sentir libre ! Et avec mon amoureux, je n’avais pas cette sensation de devoir m’éloigner de lui pour me sentir libre ».
Extraits tirés d’un entretien mené par Amandine Delord dans le cadre d’une enquête menée sur l’AAD, le 29-06-2017, à Nantes.