Authentique récit d’accouchement : Viola
Viola, trentaine d’années, est originaire des Pays-Bas. Après avoir longtemps hésiter entre accoucher aux Pays-bas, elle a choisi la France, pays de son amoureux. Elle raconte la naissance de son 1er enfant, né en 2016, à la maison.
« Les contractions ont commencé à se faire plus fortes au petit matin. C’était exactement le terme. Elles étaient gérables jusqu’à 16h. J’ai fait la cuisine.
Puis la sage-femme est arrivée à 16h, moi j’étais à 4 cm. On est allé se balader, on a insisté sur les escaliers. On a préparé un bain, ici dans le salon, puis je me suis mise dans le bain, c’était super pour gérer la douleur, c’était une piscine gonflable dans le salon, là où tu es toi. Je sentais que le bébé descendait puis remontait, il ne voulait pas descendre, il fallait travailler avec la gravité.
Et puis après pendant 2 ou 3h, enfin je ne me souviens plus trop de combien de temps ça a duré, j’étais près de la table à faire … cet exercice (plier les jambes, s’accroupir puis se mettre debout, accrochée à la table). J’avais des douleurs en bas du dos et, faire ce mouvement, c’était pour moi une manière de rentrer encore plus dans la douleur et ça devenait de plus en plus fort… Jusque-là j’essayais de faire des choses agréables , d’être au mieux, à l’aise avec la douleur, mais avec cet exercice là, je rentrais encore plus dans la douleur, je l’accentuais même. Je sentais que c’était ce qu’il fallait. Et je visualisais le bébé qui sortait. J’ai fait beaucoup de « om », de sons…
En fait, ce sont les mouvements et la respiration qui m’ont le plus aidé.
J’étais à 10 puis on est partis dans la chambre.
Là, la sage-femme a écouté le cœur. Depuis le début le cœur du bébé était bas, et le mien aussi… et donc elle a commencé à dire « mmm ce n’est pas bon pour le bébé », et elle m’a fait pousser avant que je n’en ressente vraiment le besoin, pour aller un peu plus vite. Et au début ça, ce n’était pas facile, je sentais que ce n’étais pas efficace, donc j’ai commencé à être un peu en dehors de ce qui intuitivement marchait pour moi. Donc pendant une période ça été un peu difficile.
Et elle a dit à mon amoureux « écoute, il faut peut-être préparer le sac car il faudra peut-être partir, il ne faut pas que cela dur ». Je n’ai pas entendu directement, mais j’ai entendu qu’ils chuchotaient et j’ai deviné de quoi il s’agissait. Et mon amoureux, il ne voulait pas qu’on parte, il disait « nan mais, on va essayer, c’est ce qu’on a voulu donc si on y arrive c’est mieux, en plus on est déjà très engagé dans l’accouchement ».
Effectivement c’était tard de partir à ce moment-là, de descendre les escaliers…
… et là, je ne sais pas trop pourquoi, le cœur du bébé a remonté, j’ai senti que les poussées devenaient efficaces, et je pense qu’environ 5 minutes plus tard, il était sorti. Les eaux se sont rompues une demi-heure avant qu’il arrive, le placenta est arrivé tout de suite après le bébé.
J’ai accouché à moitié sur le lit à moitié en dehors, en position accroupie. Mon amoureux était en face de moi avec son front contre le mien, en me disant plein de choses que je n’entendais pas bien, et la sage-femme était derrière et elle l’a accueilli.
Quand il est juste né, je me souviens de cette pensée « ah, j’en veux un autre ! », c’est trop beau, il n’y avait pas de douleur quand il est sorti, c’était plutôt une sensation qui donne plein de pouvoirs. Je le sentais sortir, c’était merveilleux, c’est incroyable !
Je pensais que vers la fin c’était un peu difficile aussi car je n’arrivais pas à imaginer qu’un enfant allait vraiment sortir, c’était trop difficile pour mon cerveau de comprendre… Quelque chose là-haut a dû être forcée pour qu’un « oui, il y a cette possibilité » puisse être envisagé (rires).
Il allait très bien, il n’a même pas pleuré, il a pris le sein et il a commencé à téter Il était très calme, on n’a pas entendu sa voix les premiers 4 jours je pense. On n’a pas lavé les draps pendant 4 jours, on est juste resté là dans le lit tous les trois ».
Extraits tirés d’un entretien mené par Amandine Delord dans le cadre d’une enquête menée sur l’AAD, le 29-06-2017, à Nantes.